vendredi 5 septembre 2008

Les falaises du Puy de la Tourte

Une petite excursion dans ce superbe site mi-juillet 2008 nous a permis de faire quelques observations intéressantes.





La carte géologique nous apprend qu'il s'agit de Brèches scoriacées où s'intercalent quelques petites coulées trachyandésitiques. Ces brèches sont un agglomérat de matériaux issus des éruptions et allant de cendres à des blocs de taille métrique. La matrice de la brèche est sablo-graveleuse et friable, les éléments rocheux sont trachyandésitiques.

Pour la végétation, ces éléments traduisent des parois, certes verticales, mais avec un aspect "grumeleux". On observe de nombreuses petites aspérités, dues à la matrice érodée hérissée des éléments rocheux plus durs, qui forment autant de "prises d'escalade" où se créent des lithosols que les plantes ne manquent pas d'exploiter en les colonisant.
De vastes pans de roche sont donc fortement occupés par une végétation subalpine typique formant plusieurs groupements végétaux installés sur substrat rocheux :

  • sourcins héliophiles subalpinsà Minuartia verna et Pinguicula vulgaris
  • mégaphorbiaies subalpinesà Adenostyles alliariae et Cicerbita alpina
  • dalles rocheuses subalpines à
  • parois subalpines à Dianthus gratianopolitanus.
Espèces patrimoniales :
 
 On trouve avec surprise des centaines de pieds de Silene viscaria (ex Lychnis viscaria).
Cette espèce peu courante en Auvergne est habituellement liée aux coteaux secs montagnards, particulièrement alentours des parois basaltiques (vallée de l'Alagnon, vallées de la planèze de St Flour etc...).
On la trouve ici en situation exceptionelle à plus de 1500 m d'altitude en compagnie de nombre d'espèces subalpines plutôt abondantes : Dianthus gratianopolitanus, Cerastium alpinum, Pedicularis verticillata, Minuartia vernaSaxifraga continentalis (station plutôt alticole !) etc.


Autres observations :
Chaerophyllum villarsii, Allium victorialis, Lilium martagon, on notera aussi l'identification de Phyteuma spicatum se alpestre, et de Trifolium pratense se nivale, sous espèce subalpine passée inaperçue durant très longtemps et dont le CBNMC relate quelques mentions récentes sur les hauts sommets d'Auvergne. Enfin, en revenant vers le Pas de Peyrol on ne peut passer à côté d'un versant entier couvert de Pulsatilla alpina se apiifolia, paysage splendide, habituellement plutôt réservé aux environs du Plomb du Cantal. En effet, bien que très présente aux environs du Puy Mary, l'Anémone souffrée y reste généralement dispersée ou sous forme de petites stations (ancien impact de la cueillette ??), contrairement donc aux pentes du Plomb du Cantal.
Jean DAUGE nous apprend que ces versants "ruisselants d'Anémones souffrées" sont une des grandes originalités paysagères du Volcan Cantalien et ne se retrouvent nulle part ailleurs dans les paysages botaniques français. Un spectacle "endémique" à notre volcan et donc à ne pas manquer !!!

Habitats :
Les canoles traversant de haut en bas certaines parties fraîches des parois, ainsi que toute la base des falaises sont occupées par de vastes étendues de mégaphorbiaies subalpines très riches en couleurs. Nous n'avons pas pu prendre le temps d'y herboriser attentivement, mais il y a là des milieux très bien conservés abritant très certainement de nombreuses espèces végétales patrimoniales (Campanula latifolia ?, Tozzia alpina ?...), bref un site à revoir !

Forêts subalpines :
Les hêtraies sommitales situées en contrebas des falaises appartiennent à l'habitat "Hêtraies subalpines à Acer et Rumex arifolius" Habitat d'intérêt communautaire très rare et fort original en Auvergne, il fait l'objet d'une caractérisation fine par le CBNMC et BIOME en 2008, nous y reviendrons en détail lors de la prochaine publication du rapport.

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